Eux, les couples.

Quand je fais la liste des sentiments qui me viennent en voyant ce couple, un me saute aux yeux : La jalousie. 

Je crois que la jalousie est le pire ennemi du couple, après la routine, l' ennui, la frigidité, l'absence de communication... J' entends déjà des voix hurlées : "La jalousie pimente le couple !" ou encore "La jalousie est une preuve d'amour !"...

Oui mais... Monsieur se met à rougir en me voyant danser avec Madame, ses yeux me fixent, fixent mes mains à la recherche du moindre écart de ma part, fixent les mains de Madame à la recherche de la moindre affection de sa part. Je peux littéralement sentir la sueur de Monsieur, comme si chaque goutte représentait chaque poing qu'il était prêt à me décrocher à la moindre erreur. Monsieur est ROUGE, les YEUX FIXES et sembre avoir de plus en plus CHAUD : En effet, la jalousie est le PIMENT de l'amour.

Je lâche Madame. Monsieur se précipite et je lis sur son visage comme un soulagement, le même visage que Madame m'a montré pendant que nous dansions ensemble : Le soulagement.

Ne vous attendez pas à un "Happy end".

Pendant le reste de la soirée, Monsieur refusera que Madame ne s'écarte de lui, Madame n' aura pas le choix de que de devenir ROUGE de honte, les YEUX FIXES dans le vide et semblera avoir de plus en plus CHAUD. Elle quitte un instant Monsieur pour s' aérer dans le jardin. Nos regards se croisent, nous devenons tous les deux ROUGES, nos YEUX restent FIXES l'un dans l'autre et nous avons de plus en plus CHAUDS, tous les deux...

La jalousie est en effet le PIMENT de l'amour : Parfois brûlant, parfois piquant.

Dimanche. Souvent jour préféré, parfois jour redouté. C' est un dimanche où Madame découvrira le vrai visage de Monsieur : Terminé le marché matinal, les croissants au lit et les petits calins romantiques sous la couette. Terminé...

Monsieur va se lever et retirer son masque de mari parfait, pour montrer au monde qui il est réellement. Café dans la main droite, télécommande dans la main gauche, chaussons aux pieds, les yeux fixés sur l'écran, comme hypnotisé. Des images défilent et Monsieur ne peut s'en défaire. Des ballons, des voitures, des ballons, des voitures... Comme hypnotisé je vous dis. 

Seule, Madame, se pose plein de questions : Est-ce que son café est bien chaud ? Est-ce que le son de la télévision est bien fort ? Il serait pas mieux avec un coussin sous les pieds ? ... Elle se dit finalement que peut-être la vie de couple, c'est ça. Elle le trouve assez mignon son petit mari devant ses petits ballons et ses petites voitures. 

Un mois plus tard...

Seule, Madame, se pose plein de questions : Pourquoi ne me propose-t-il pas de café ? Est-ce qu'il ne peut pas baisser le maudit son de la télévision ? Qu' est ce qui me retiens de lui balancer un coussin ? ... Elle se dit finalement que peut-être sa vie de couple, ce n'est plus ça. Elle le trouve assez pathétique ce mec devant ses ballons et ses voitures.

Devenons hypnotiseurs et non hypnotisés.

Il est 21H00. Un samedi. Un début de mois. Tout est rassemblé pour faire réagir les ardeurs romantiques de ces messieurs. Quelle arme utiliser ? Le restaurant. Arme de destruction massive ? C’est moins sûr. Certes, cette soirée se finira par un coït postprandial que la demoiselle aura accordé à sa moitié pour le remercier de cet étalage gastronomique. Mais est-ce bien là le rôle de cette arme, remplir les blancs entre les coïts ?

J’observe la salle. Ils sont tous au fond, eux. Volonté masquée du restaurant de les isolés pour éviter toutes démonstrations excentriques de leurs amours ? De leurs amours…

J’observe les hommes. J’observe les femmes. J’observe le silence. Ce long silence perturbé par l’arrivée de l’entrée, introduite par le célèbre : « C’est bon ? ». S’en suit un débat de plusieurs longues secondes sur les saveurs, odeurs et couleurs du plat : « Ca sent bon ! ». Pour se terminer par une courte discussion autour de l’importance du sucre dans le café : « Un ou deux ? ».

Madame. Les yeux fixés sur son assiette. Monsieur. A la recherche d’un contact visuel voisin. Monsieur. Les yeux fixés sur son assiette. Madame. A la recherche d’un contact visuel voisin. J’aime ce silence qui entoure les couples au restaurant. Silence qui en dit finalement beaucoup, trop sans doute.

Tristesse de ces couples qui n’ont plus rien à se dire. Tristesse de ces couples se rattachant à leurs voisins de table pour pimenter leurs soirées. Tristesse de ces couples se rattachant à un restaurant pour remplir les blancs de blancs…entre les coïts.